Conte - Le voyageur du Quercy


Il était une fois... une froide nuit d'hiver sur les Causses du Quercy entre Caussade et Cahors. La nuit était claire et la bise hurlait à travers les chênes dépouillés et les pâtures entourées de pierres sèches.

Sur ces hauts plateaux désolés, la lune éclairait faiblement un sentier étroit serpentant le long des ravins. Et le long de ce sentier avançait péniblement un voyageur vêtu d'un long mantel et d'un capuchon sombre.
Que faisait là ce voyageur isolé ?

Mais bientôt le sentier le mena près d'une petite masure. Cette pauvre maison était habitée par un vieux couple de paysans qui s'échinaient depuis si longtemps à tirer de cette terre avare de bienfaits les quelques arpents de blé qui leur permettaient de subsister.

Mais cette nuit était particulière car c'était la nuit de Noël. Et il semblait que Dieu avait abandonné cette région solitaire où la seule trace d'humanité consistait seulement en cette humble demeure aux vitres recouvertes de mauvais papier huilé.

Le voyageur harassé s'approcha d'un pas pesant de la petite maison et aperçut le maigre feu tentant de réchauffer ses hôtes. Il hésita un instant avant de frapper.

Entendant deux faibles coups à la porte , le vieux paysan regarda sa femme d'un air étonné. Qui pouvait bien venir les voir à cette heure si tardive ?

Il entrouvrit la porte et vit le voyageur défaillant de fatigue et de faim. Ce voyageur n'avait pas l'air d'un bandit de grand chemin.

Il était maigre à faire peur et tenait à peine debout.

Ils lui dirent : "Entrez vite, nous n'avons pas grand chose et notre feu ne chauffe plus beaucoup."

Par fierté ils ne dirent pas qu'ils brûlaient leur dernière bûche, n'ayant plus assez d'écus pour acheter du bois et la route était longue et difficile jusqu'à Septfonds !

La femme du paysan remit à chauffer la soupe de lentilles et ils lui donnèrent leurs derniers morceaux de pain.

Après s'être restauré, le voyageur inconnu s'endormit près de la cheminée, son capuchon rabattu sur le visage.

Il ne l'avait enlevé qu'un bref instant, le temps d'avaler sa soupe et ses hôtes n'eurent guère le temps d'apercevoir sa figure mangée par une barbe épaisse et ses cheveux tombant sur les épaules.

Le lendemain matin, le vieux couple de paysans fut éveillé à la pointe du jour par le grincement de la porte d'entrée que l'on essayait de fermer doucement....

Mais quelle ne fut pas leur surprise en voyant une joyeuse flambée pétillant dans la cheminée ! Ils se levèrent et leur émerveillement ne connut plus de bornes en apercevant sur la table tous les mets composant un menu de Noël quercynois : une fougasse, du canard gras sous diverses formes, un foie gras d'oie et une croustade à la pâte aérienne et aux pommes caramélisées à souhait !

Eperdus de reconnaissance, ils se rendirent à la messe de Noël remercier Dieu de son immense bonté !

Car le pauvre voyageur qu'ils avaient recueilli la veille n'était autre que Christos lui-même, venu vérifier si la charité chrétienne était toujours de mise le soir de Noël, jour de sa naissance sur terre.

Et cette fois encore, la véritable compassion et l'aide à son prochain, aussi humble soit-il existe toujours parmi les plus modestes d'entre nous dans les coins les plus reculés.

Et Christos vit bien que les pharisiens et les marchands du temple avaient toujours le coeur sec et l'esprit fermé.

Car au delà des cadeaux et des agapes, Noël reste la fête de la main tendue. Joyeux Noël à tous

Guillalme

Aucun commentaire: